Le dernier baromètre de l’épargne et de l’investissement en France réalisé par l’AMF et sorti en décembre 2022 révèle que les Français sont fâchés avec l’investissement…
Quelques chiffres pêle-mêle :
- 22% des personnes interrogées ont révélé investir jamais ou occasionnellement
- Près de 60% épargne moins de 200€ par mois.
- Le support d’épargne préféré des Français reste le livret d’épargne pour 88% des interrogés. À titre de comparaison, seulement 8% utilisent l’immobilier locatif comme support d’épargne.
- 63% des interrogés considèrent que pour faire des placements en actions, il faut y consacrer beaucoup de temps.
L’étude complète est à retrouver ICI.
Outre ces chiffres assez édifiants, le véritable révélateur selon moi, c’est la prolifération des arnaques financières en ligne. Vous l’avez sans doute déjà suivi sur ce blog, je dénonce avec véhémence les pyramides de Ponzi qui ont pignon sur Instagram ou TikTok et qui me scandalisent au plus haut point.
J’avais réalisé un article sur “Juicy Fields” comme un cas d’usage pour faire ses propres recherches face à un véhicule d’investissement : il n’y a qu’à regarder la section commentaires de cet article, toujours en ligne, pour constater à quel point l’éducation financière est à son plus bas niveau dans le cerveau de certains “investisseurs”…
Et aujourd’hui, pour la première fois en France, un collectif a déposé plainte contre des influenceurs (dont Marc et Nadé Blata) pour escroquerie en bande organisée suite à des arnaques financières. Les influenceurs faisaient notamment la promotion de plateformes copy trading trading douteux où des milliers d’utilisateurs ont perdu toute leur mise.
Tout cela m’a donné envie d’écrire sur l’hygiène financière que nous devons tous avoir pour se mettre sur le chemin de la réussite, avec, en fin d’article, des ressources gratuites ou à petit prix pour se former sur différents sujets liés à l’argent.
L’hygiène financière : mode d’emploi.
La gestion de son argent ne s’apprend pas à l’école… ni même comment payer ses impôts ou quels sont les différents impôts et taxes auxquels sont soumis les particuliers. Pour commencer il y aura donc 3 grands principes à considérer pour avoir une véritable hygiène financière.
- La budgétisation. C’est particulièrement important si vous avez tendance à ne pas faire attention à vos dépenses et si vous finissez souvent à sec. Alors non, ce n’est pas aussi excitant qu’une soirée au restau… mais c’est une étape cruciale pour prendre le contrôle de vos finances. Commencez par dresser la liste de vos revenus et de vos dépenses et voyez où va votre argent chaque mois. À partir de là, vous pouvez faire des ajustements pour vous assurer que vous vivez selon vos moyens et que vous épargnez pour les choses qui comptent le plus pour vous.
- La psychologie. Car gérer son argent, ça paraît évident pour certains, ça l’est beaucoup moins pour d’autres. Si vous avez des blocages ou des à-priori vis-à-vis de l’argent, il va être compliqué d’avoir une bonne hygiène financière. Il y a énormément de choses qui peuvent vous pénaliser : le manque affectif qui peut vous pousser à dépenser sans compter pour des choses matérielles ou, au contraire, la peur de manquer qui vous fait devenir une véritable pince. Il y a également les à-priori négatifs vis-à-vis de l’argent qui vous font voir ceux qui en ont comme de vrais salopards ou, au contraire, l’envie et la cupidité qui vous font faire absolument n’importe quoi avec des placements exotiques et risqués. Les maladies de l’argent sont nombreuses… Mais s’il y a une vérité implacable qu’il faut garder en tête au sujet de l’argent, c’est qu’il n’a pas d’odeur, pas de nationalité, pas de religion, pas de sentiments, et que ce n’est qu’un moyen. L’argent n’est rien d’autre qu’un moyen, un vecteur. Tant que vous ne le considérez pas uniquement comme un truc froid qui vous permet de faire d’autres trucs, il sera difficile d’avoir une hygiène financière saine.
- L’épargne. C’est le point de départ. Le dicton « Payez-vous d’abord » est connu de tous, et c’est un conseil qui vaut la peine d’être suivi. Mettez en place des transferts automatiques de votre compte chèque vers un compte d’épargne chaque mois : c’est la meilleure façon d’épargner sans effort et sans même s’en rendre compte. Avec un peu de patience, vous verrez que ça s’empile de façon assez agréable. Déterminez également le montant de votre épargne de sécurité : il ne sert à rien d’avoir 100 000€ qui dorment en banque… il faut vous déterminer la somme avec laquelle vous êtes à l’aise, la somme avec laquelle vous estimez que vous êtes en sécurité en cas de problème. Pour ma part, c’est 10 000€. J’essaye de maintenir toujours quoi qu’il arrive 10 000€ en épargne liquide quelque part dans mes comptes. Le reste peut être illiquide. En revanche, il faut préciser une chose : vous ne deviendrez pas riche en épargnant. L’épargne, comme je l’ai dit, est un début. C’est une mesure d’hygiène financière, rien de plus. Les influenceurs qui vous expliquent que vous allez devenir riche en faisant un budget et en épargnant tous les mois pour vous vendre leur formation vous racontent des salades… Néanmoins, sans épargne, vous vous exposez aux aléas de la vie et vous vous privez d’un capital pour investir. Ce qui fait une transition parfaite avec le chapitre suivant.
Épargner pour se protéger et pour investir. Oui, mais dans quoi ?
Une fois que vous avez déterminé que votre épargne de sécurité est atteinte, vous pouvez vous poser la question de l’investissement. La première chose que je dois vous rappeler, c’est qu’investir comporte des risques et qu’en fonction du véhicule d’investissement choisi, le risque de perte en capital est plus ou moins important.
Ces dernières années, avec le fort développement des réseaux sociaux et ensuite de la cryptomonnaie, l’investissement est devenu une véritable jungle. Pour les personnes qui n’y comprennent rien, c’est une jungle dangereuse… On a vite fait de mettre sur un pied d’égalité l’investissement immobilier, le trading, la cryptomonnaie et le private equity… sans compter les différentes arnaques qui pointent le bout de leur nez et qu’on ne saurait classer dans aucune catégorie tant ce n’est pas de l’investissement.
Comment choisir, alors, un véhicule d’investissement ? Là encore, pour simplifier les choses, je dirais que 3 principes doivent vous guider :
- La transparence. Le véhicule d’investissement que vous envisagez est-il transparent ? Et quand je dis transparent, c’est que vous avez la possibilité de décortiquer les chiffres avec précision, d’en avoir la source, de comprendre le business model, d’où vient le rendement… Posez-vous toujours cette question fondamentale : d’où vient le rendement ? Si vous ne savez pas répondre à cette question, c’est peut-être qu’il y a un problème. Par exemple pour mes investissements immobiliers, je suis parfaitement capable de dresser un tableau Excel avec mes loyers, mon échéance de crédit, mes charges, mon scénario fiscal etc, pour faire comprendre à mon banquier comment se passe mon affaire. On parle de chiffres, de contrats de bail, de crédit et d’argent sonnant et trébuchant. On est dans du concret. À aucun moment je présente un PDF coloré à mon banquier en lui disant « tkt frérot, l’année prochaine j’ai fait 300% grâce à l’immo ».
De la même manière, si je veux investir dans telle ou telle entreprise cotée en bourse, le bilan de l’entreprise doit être publiquement disponible. Je vais pouvoir lire le bilan, analyser le chiffre d’affaires, les capitaux propres, la valeur comptable, le dividende s’il y en a un, etc etc… Je vais analyser moi-même le bilan. Enfin, dernier exemple, si je veux rentrer au capital d’une entreprise en tant qu’investisseur privé car j’ai beaucoup de moyens (c’est ce que l’on appelle le Private Equity), je vais en premier analyser le bilan comptable de l’entreprise avec minutie. Je vais rencontrer les fondateurs, me renseigner sur leur parcours académique et leur expérience, analyser le marché de l’entreprise, lire le business plan, etc. Ces trois exemples présentent un niveau de risque très différent mais ils ont une chose en commun : la transparence. Chacun est capable, en son âme et conscience, de décider s’il investit ou pas à la lumière des éléments concrets qu’il s’est procuré. Le problème quand on manque d’éducation financière, c’est que cette transparence est totalement passée à la trappe. Les pyramides de Ponzi par exemple font passer un livre blanc pour un document fiable et représentatif de l’entreprise et un pitch marketing pour un business plan. Le particulier, qui n’a aucune notion ni de finance ni d’investissement, est une proie facile pour ces structures dont le fond de commerce est l’inculture financière. Prenez donc du temps pour analyser à quel point la structure que vous avez en face est transparente. - Le risque. Nous l’avons évoqué dans le point précédent dont nous allons reprendre les exemples. L’immobilier, la bourse et le private equity. Le niveau d’implication et le niveau de risque de ces trois véhicules d’investissement n’est absolument pas le même. Nous n’avons pas tous la même psychologie ni tous les mêmes moyens : il est alors fondamental de se demander à quelle catégorie d’investisseur on fait partie et pour cela, il faut se demander quel niveau de risque est-on capable de supporter. On dit toujours qu’il ne faut investir que des sommes que l’on est prêt à perdre… je suis assez mitigée face à cette affirmation. Certes, il faut avoir conscience que l’investissement comporte des risques, mais je connais mon profil et je sais que personnellement, je ne suis pas prête à perdre de l’argent. C’est ainsi que je vais me diriger, par exemple, vers les actions à dividendes qui sont certes moins rémunératrices que le Private Equity mais qui sont également, en général, moins risquées. Le rendement rémunère le risque comme on peut l’entendre dans le milieu.
- La diversification. Ou je dirais plutôt, la répartition. Vous n’êtes pas obligé de faire des investissements diversifiés même si c’est préférable pour diluer votre niveau de risque. Mais cela est lié au point précédent, c’est à dire au niveau de risque que vous êtes prêts à supporter. Mais vous avez peut-être envie de répartir votre argent et d’assumer plusieurs niveaux de risque… C’est à vous de voir. J’ai moi-même réparti mon capital entre différents véhicules d’investissements plus ou moins risqués, de l’immobilier à la bourse en passant par le livret A à la cryptomonnaie.
Et ensuite ? La lambo ?
Je suis navrée de vous décevoir mais l’investissement prend du temps et je ne fais pas partie de ceux qui vous diront qu’en investissant, vous allez devenir riche en 3 mois. Ni même 6 mois. Ni même 1 an.
Déconstruisons quelques mythes :
- L’immobilier : l’immobilier est chronophage et énergivore, notamment si vous décidez de le faire vous-même. L’effet de levier proposé par l’immobilier est intéressant car il se base sur l’utilisation de la dette. La dette, ce n’est rien d’autre qu’une machine à voyager dans le temps : vous allez amener le futur dans le présent et c’est votre situation financière actuelle qui est une garantie pour la banque. En France, l’accès au crédit est assez répandu mais il est réglementé. Vous êtes limité à 35% de taux d’endettement. Ainsi, en fonction de votre salaire, vous allez atteindre plus ou moins rapidement un plafond de verre. Pour ma part, je l’ai atteint avec 4 biens immobiliers, car j’avais un salaire correct. Si vous voulez dépasser 35%, cela se fera sur “dérogation”. Ce sera plus facile si vous voulez acheter une résidence principale car les dérogations sont plus faciles dans ce cas. Si vous voulez éviter la règle des 35% d’endettement, il va falloir passer en prêt professionnel : s’associer ou créer une société. Mais là encore, il faut apporter des garanties. Bref, je m’arrête là car vous avez bien compris que c’est plus complexe qu’il n’y paraît. Rien d’impossible, bien entendu, mais ça reste complexe et ce n’est pas une solution magique. Et surtout, vous n’allez pas devenir rentier sans rien faire.
- La bourse : déjà, il convient de distinguer le trading et l’investissement, car beaucoup de débutants confondent encore les deux. Le trading, c’est une activité à plein temps qui consiste à gagner de l’argent sur les mouvements volatils en bourse. L’investissement est plus passif et consiste à acheter des actions et à se “rémunérer” soit en dividende soit sur la prise de valeur de l’action en question. Si vous avez un gros capital de départ : génial, vous pouvez déjà être rentier ! Sinon, vous faites comme tout le monde et vous placez un petit peu chaque mois. Avec les intérêts composés, d’ici 10 ans, cela commencera à être intéressant. Le calculateur de l’AMF est à votre disposition pour savoir quand vous allez devenir rentier. Spoiler Alert : là encore, ça prend du temps si vous n’avez pas un gros capital de départ.
- La crypto : alors oui, sur un malentendu, avec la crypto, vous allez pouvoir faire des bénéfices plus importants que sur n’importe quel autre investissement précédemment cité. MAIS… car il y a un mais… c’est également le véhicule d’investissement le plus risqué et le plus volatile. Surtout si vous n’y connaissez rien. Moins vous êtes formé en crypto et plus vous êtes susceptible de perdre de l’argent. Par ailleurs, la crypto a beau être le plus petit compartiment de marché, c’est un domaine suffisamment vaste pour qu’on puisse dire qu’il vous sera impossible de prévoir les pics et les creux, et surtout impossible de savoir quelle crypto exactement va exploser ou pas. Il faut avoir des connaissances fines, une compréhension des dynamiques de marché et des tendances de la foule pour prendre des paris risqués mais gagnants. Autant vous dire que sans cela, vous serez le pigeon dont les investisseurs expérimentés ont besoin pour faire des profits.
Il y en a plein d’autres que je pourrais citer… le marchand de biens, les matières premières, les forêts, les devises, les montres… Mais j’ai voulu déconstruire les mythes que l’on retrouve le plus souvent en ligne et sur lesquels je constate le plus de contresens.
Se former sur l’investissement : oui mais comment ?
Vous l’aurez compris, l’éducation financière pourrait faire l’objet d’un cours à part entière à l’école et être enseigné toute l’année tellement il y a de choses à dire. C’est aussi la raison pour laquelle les formateurs et influenceurs se multiplient en ligne sur ce sujet. Mais là encore, je ne ferai pas partie de ceux qui assassinent les formateurs. Vous avez vu, impossible de me mettre dans une case, n’est-ce pas ?
Dans la vie, soit vous avez du temps, soit vous avez de l’argent.
Si vous avez de l’argent, vous pourrez gagner du temps en payant une formation toute faite qui ira droit au but sur ce que vous avez besoin de savoir sur tel ou tel sujet. Cela n’exclue pas, bien évidemment, de vous renseigner sur la qualité de la formation et l’éthique du formateur.
Si vous n’avez pas d’argent, vous allez dépenser votre temps pour accumuler des ressources gratuites et à petit prix pour vous former.
Et si vous n’avez ni argent ni temps, je ne peux rien faire pour vous. Il faut faire les bons choix pour dégager un petit peu son agenda 🙂
À noter que ma newsletter qui existe depuis un an maintenant est gratuite et que je développe, deux fois par mois, des notions clés de l’investissement. Pour s’inscrire, c’est PAR ICI.
J’ai rassemblé pour vous plusieurs ressources gratuites ou à petit prix pour commencer à vous former sur divers sujets liés à la finance, l’argent et l’investissement. N’hésitez pas à partager vos propres ressources en commentaire si vous en connaissez des bonnes : vos suggestions sont les bienvenues !
Ressources :
- Les MOOC sur l’éducation financière par la Banque de France et l’INC : https://www.fun-mooc.fr/fr/cours/monnaie-et-moyens-de-paiements/. , https://www.fun-mooc.fr/fr/cours/comment-gerer-efficacement-son-epargne-et-ses-placements/ , https://www.fun-mooc.fr/fr/cours/trading-quantitatif/
- Les petits quizz de l’AMF : https://www.amf-france.org/fr/espace-epargnants/testez-vos-connaissances-sur-les-placements-financiers
- Les impôts du particulier en France : https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F1419
- Le live “La Magie des Dividendes”, de Raphaël Carteni.
- Le livre “L’économie pour les nuls”.
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